, , RENCONTRE AVEC CHARLES TESSON JURE AU FIFF COTONOU 2022

Charles Tesson est un critique et historien du cinéma. Collaborateur des Cahiers du Cinéma à partir de 1979 et il en a été rédacteur en chef jusqu’à 2003. De 2011 à 2021 il est nommé Délégué général de la Semaine de la Critique du Festival de Cannes, il a aussi présidé l’Aide aux Cinéma du Monde (CNC) de l’Institut Français de 2016 à l’année dernière. Il a publié plusieurs livres sur le Cinéma et enseigne à l’Université de la Sorbonne Nouvelle Paris III.

Charles Tesson durant la formation en critique de cinéma à Cotonou (Bénin)

Quelles études avez vous faites qui ont été favorable à  votre choix de carrière en critique de film ?

Après le baccalauréat j’ai fait le choix des études de littérature de lettres parce que j’aimais beaucoup cela et puis aussi je suis tombé à l’université sur des profs très compréhensifs qui aimaient le cinéma qui m’ont permis de faire le mémoire en lettres, de cinéma sur Robert Bressons et à la Sorbonne Nouvelle en 1943 et doctorat sur Vampire de Chloé en littérature comparée alors que ça n’avait rien à voir avec de la littérature comparée donc j’ai des professeurs conciliants alors que c’était l’enseignement du cinéma.

Qu’est-ce qui, selon vous à manqué dans votre cursus scolaire qui aurait pu faciliter votre choix (en carrière) ou serai un atout pour un béninois qui désire être critique de film ?

Je dirais que moi j’ai eu la passion du cinéma très jeune, et je dirais que c’était l’appel de ma vie sans savoir où j’allais être dans le monde du cinéma, l’exercice du métier de  critique est venu plus tard. »

J’étais très autodidacte et j’aimais beaucoup les revues ainsi que les livres au cinéma. En plus de mes études, j’ai fait des études de lettres et je dirais que l’un des éléments importants dans l’enseignement du cinéma, c’est l’éducation à l’image. C’est très important de savoir comment analyser les images puisqu’il y a beaucoup de scènes cinématographiques. En plus de ma culture cinématographique je dirais que l’élément important c’est l’éducation à l’image c’est-à-dire comment analyser les images et aussi avoir une culture cinématographique. C’est vrai que c’est passionnant de donner des outils techniques mais le cinéma c’est aussi donner des idées de culture cinématographique de films dans l’enseignement et cette formation est capitale et essentielle.

Qu’est c’est que le métier de critique cinéma / de film et comment en vivre ?

Le critiquec’est d’abord celui qui a à la fois envie d’exercer ce métier et d’écrire dans un support, dans une revue et d’être rémunéré pour ça, mais c’est aussi celui d’une personne qui a un regard critique.

Par exemple beaucoup de gens sont des critiques beaucoup de gens ont du mal à vivre de ce métier de critiqueparce que c’est peu évident et parce que dans la presse il se fait qu’il y a de moins en moins d’espace pour un critique, et ça c’est un peu compliqué, mais ce qui compte c’est que beaucoup de personnes ont envie d’être critiques. Mais avec l’avènement des Blogs et Internet, la manière de s’exprimer a beaucoup changée, mais c’est important et c’est vrai aussi que la reconnaissance du métier est difficile mais je dirais que c’est un combat par rapport à leurs propres conditions de travail.

Parlez-nous de vos projets initiés et réalisés pour lesquels vous avez été reconnus et qui ont boosté votre carrière.

Booster ma carrière je pense que c’est trop dire, l’expérience dont je me rappelle c’est quand je suis arrivé au Cahier Du Cinéma en 1979 avec d’autres critiques qui sont devenus cinéastes, c’était une période très théorique, très politique, très engagée; ils recherchaient de jeunes journalistes très curieux et très engagés qui allaient leur permettre de faire découvrir d’autres formes de cinéma, c’est à la fois du jeune cinéma mais surtout du cinéma d’Asie, de Hong Kong et tout…

C’est vrai qu’avec le Made In Hong Kong qu’on a fait avec Olivier ASSAYAS en 1984 on a ouvert d’autres horizons du cinéma sur la planète du Cinéma mondial alors qu’à l’époque c’était plutôt l’Europe et les Etats Unis.

Parlez-nous un peu de votre expérience à Cannes et dites-nous comment est-ce que vous maintenez votre équilibre entre votre vie professionnelle et votre vie privée ?

C’est très compliqué, (sourire)  mais pas compliqué parce que j’ai fait le choix de la Semaine de la Critique à Cannes à un âge que je pouvais parce que j’avais un fils qui était grand, donc autonome, et j’ai pu me consacrer à plein-temps à mon métier. Ce que je peux vous dire, c’est que quand on a envie de faire ça, il faut le faire à fond. Je parle bien sûr de voyager et de voir les films. Imaginez-vous qu’il faut voir 350 films par sélection chaque année pour en choisir une dizaine avec le comité de sélection.

Vous conviendrez avec moi que c’est un travail passionnant et qu’il faut y consacrer beaucoup de temps, être disponible à long terme ; et je savais que j’avais cette disponibilité-là à la fois donc pour voyager aller voir un film sur un festival et travailler sur des films le samedi et le dimanche sans m’arrêter. C’est un peu une folie, mais quand on s’engage dans cette passion là, il faut aussi avoir ses conditions et savoir ce qu’on met en jeu dans sa propre vie.

Est-ce que les voyages apportent un plus à votre métier de Critique de Cinéma ?

Bien sûr que les voyages sont très importants, pas au sens critique mais ce que je dis souvent c’est qu’être critique de film c’est recevoir des films. C’est vrai que quand on le voit (le film) de loin c’est  bien,  mais aussi et surtout avoir la curiosité d’aller voir où se font ces films et par qui et dans quelles conditions c’est important, car quand on voyage, on a le sentiment d’aller ailleurs, d’être derrière l’écran et de voir l’âme du film se faire et je trouve que non seulement pour le regard critique c’est bien, mais c’est des informations très importantes selon les conditions dans lesquelles les films se font ça me paraît capital et je trouve ça très utile pour un critique de film.

Que pensez-vous de l’avenir du Cinéma africain, béninois et en quoi pensez-vous que développer le métier de critiquede film peut changer les choses ?

La critique est très importante, et il me semble qu’elle a pour rôle d’encourager la création. C’est-à-dire que quand on fait un court-métrage et un critique en parle, le regard qu’il peut avoir sur le film peut aussi aider le cinéaste, lui donner confiance ou le faire évoluer au bouger par rapport à ça. Je trouve que bien sûr ce qui est important c’est que les films soient faits, mais c’est aussi important qu’il y ait des critiques qu’ils soient des accompagnateurs et qui transmettent un peu ce qui se fait et les transmettre au public pour qu’on sache ; et je trouve que cette dynamique et essentielle.

Quels sont vos attentes par rapport au FIFF et que pensez-vous qu’il faille améliorer pour les prochaines fois ?

Déjà , je suis très content et reconnaissant d’être ici, d’avoir été invité par Cornelia Glèlè à faire partir du jury mais aussi et surtout à composer cette formation. Et le volet formation est toujours délicat, car on vient déjà avec ce qu’on sait et qu’on a aussi envie de dire. Mais aussi c’est important de trouver le ton pour être à l’écoute de ceux à qui vous dispensez la formation. Il faut donc comprendre ce que les gens ont envie de faire. Deux fois, c’est court, et j’espère qu’elle sera très utile car j’aime beaucoup rencontrer partager avec des personnes qui sont intéressées par le cinéma et qui se forment de différentes façons.

Je trouve ça très important ce genre de rencontres, et là je suis là à la fois pour donner, et aussi toujours pour apprendre car je suis dans un état d’esprit de curiosité d’apprendre de ce qui se fait, de comment on fait le cinéma ici au Bénin. Je suis très modeste, parce que je ne vais pas dire que je connais ou que je peux changer l’avenir du cinéma béninois ; je sais un peu plus ce qui se passe au Burkina, au Sénégal dans d’autres pays mais c’est pour ça que je suis venu ici au Bénin parce que j’ai envie de connaître et de rencontrer les personnes qui font le cinéma.

Charles Tesson dans le Jury du FIFF COTONOU 2022 au coté de Faissol Gnonlonfin, Sandra Adjaho et Ramatoulaye Mballo

Quelles sont vos impressions du FIFF pour cette 2ème édition ?

Sur le festival je ne vais pas porter de jugement parce que c’est la 2ème édition juste après l’année covid, et je sais que mettre en avant les réalisatrices c’est très important dans le contexte à la fois général du cinéma mondial mais aussi des cinémas d’Afrique. Je crois que c’est le premier festival qui existe sous cette forme-là au Bénin. Et il commence là où il faut, c’est-à-dire au niveau des courts-métrages, et je pense que le festival est appelé à évoluer en fonction de la réalité du cinéma africain lui-même, et dès qu’il y aura plus de réalisatrices, c’est ce que j’espère, là ça sera la compétition des longs métrages, et c’est ce que je souhaite le plus tôt possible pour le FIFF.

Est-ce que vous allez revenir au Bénin ?

C’est mon premier passage au Bénin, et j’avoue en avoir entendu parler par des connaissances par des amis, pas comédiens, mais par des amis béninois que je connais et aussi par Cornelia Glele. Du coup, j’étais déjà curieux de découvrir ce pays, et je peux dire que je m’y sens bien et j’aime beaucoup le séjour que j’y passe grâce au FIFF.

Charles Tesson découvre le Bénin

*** FIN

Interview réalisée dans le cadre de la formation sur

la Critique de Cinéma au FIFF Cotonou le 10/02/2021

Par Espoir Yèmissi Diep .L. ABOGOURIN

Espoir Abogourin, actrice, participante à la formation en critique de cinéma

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